Coups de coeur

Moi, ce que j’aime, c’est les monstres

Moi, ce que j’aime, c’est les monstres est une BD d’Emil Ferris. Mais pas n’importe quelle BD. Une BD phénoménale !

800 pages écrites en six ans, à plus de quarante ans. Emil Ferris n’avait jamais été publié auparavant. Le livre a essuyé 48 refus, avant de trouver un éditeur intéressé, et de sortir en 2017. Depuis c’est le grand succès.

Moi, ce que j’aime, c’est les monstres décrit l’enquête menée par une fillette d’une dizaine d’année, en 1967, sur le décès d’une de ses voisines. « Fillette » n’étant pas vraiment le mot car Karen se transforme de temps en temps en monstre et, est passionnée par tous les types de monstres, qu’elle trouve beaucoup plus intéressants que les gens normaux. La sagacité de la jeune fille (et le talent d’Emil Ferris) vont nous emmener dans une aventure étonnante, jusqu’en Allemagne nazie.

Graphiquement c’est un vrai bonheur, Emil Ferris n’ayant pas de limite à sa liberté d’écriture. Chaque page est composée comme une oeuvre graphique, uniquement au stylo, mêlant images et textes. On est plus proche du Comics américains que de la BD traditionnelle européenne. Il y a une vrai force dans les personnages qu’elle dessine, qu’elle invente.

Et puis on suit, avec beaucoup d’humour, le quotidien de cette petite fille, de sa mère au fort caractère et du grand frère qui l’initie au dessin.

Une oeuvre à dévorer comme un bon roman.

Lien de l’éditeur

by Christophe

The Smashins Pumpkins

Si un jour, un ado me demande de lui résumer le rock des années 90, je penserai forcément à Nirvana ou Pearl Jam. Mais il y a un groupe que je placerai au dessus, car il représente pour moi l’illustration parfaite de la décennie : The Smashins Pumpkins.

Formé par Billy Corgan, chanteur à la voix nasillarde et riche d’émotions de teenagers, et s’inscrivant dans la vague grunge, le groupe impose un un contraste parfait entre la délicatesse de la ballade américaine et l’énergie du métal. Dès leur deuxième album Siamese Dream, et des tubes comme Today ou Disarm, l’accueil et le succès sont là, grâce aussi à la production énorme de Butch Vig, figure de l’époque (Garbage, Nirvana, Sonic Youth…)

La conquête du monde viendra avec le double album Mellon Collie and the Infinite Sadness, chef d’œuvre au nombre significatif de classiques rock américain (1979, Zero, Tonight tonight…) S’en suivront quelques albums inégaux avant une fin du groupe au début des années 2000.

Quelle ne fut donc pas ma surprise de découvrir un nouvel opus en cette rentrée 2018 !
D’abord dubitatif, je me disais que la magie n’opérerait plus et que cette décennie était trop différente. Que nenni !
Dès la première écoute de Shiny and Oh So Bright, Vol. 1, mon petit cœur d’ado éternel se remet à tressaillir, et la nostalgie cède sa place au plaisir auditif et addictif. Le single Silvery Sometimes sonne vraiment (c’en est même troublant) comme un tube de l’époque.
Et puis d’autres pépites suivent comme le très rock Solara ou encore With Sympathy, plus pop.

Le disque est une bonne synthèse de la carrière du groupe. Rien n’est neuf, mais tout est bon.
Pas d’expérimentation mais de la mélodie, des guitares, de l’émotion, du rock quoi.

www.smashingpumpkins.com

by David

C’était quand la dernière fois ?

« C’était quand la dernière fois qu’on a autant ri au théâtre ? » pourrait servir de préambule à ce coup de cœur !
En effet, la pièce d’Emmanuel Robert-Espalieu est une vraie pépite de drôlerie vacharde, rythmée par une mise en scène au couteau (si on peut dire) et des comédiens survoltés.

Un couple est tranquillement dans son appartement et vaque comme tant d’autres à ses occupations quotidiennes, lorsque la femme, l’air détaché et sur un ton délicieusement calme annonce à son mari « je t’ai empoisonné ».
S’en suit une cascade de péripéties à la fois burlesques et noires. Cette mort imminente est évidemment un prétexte pour faire ressortir le passé du couple, les non-dits, les rancœurs et regrets. L’absurde est de mise et on sent que l’auteur a été biberonné à Ionesco ou à Beckett sans dénigrer pour autant des gags dignes d’un bon boulevard. On pourrait presque penser au Père Noël est une ordure, tant les coups sont bas, mais les rires hauts.

Les deux comédiens sont excellents, avec une mention particulière pour Virginie Hocq qui joue de son corps et emmène son personnage très loin dans la folie ordinaire. Zinedine Soualem est d’une justesse implacable et nous prouve encore son talent pour incarner le fameux « monsieur Tout-le-monde » des Poupées Russes de Klapisch.

Sans prétention, ce spectacle est un bol d’air frais, poil à gratter, et insolent, et nous fera sérieusement vérifier notre verre de vin lors de notre retour au foyer marital…

Au Théâtre Tristan Bernard, jusqu’au 28 avril 2018
Plus d’info

by David

Daimyo, seigneurs de la guerre au Japon

On connaissait le gout des japonais pour concevoir avec un grand raffinement tout ce qui touche à l’apparence des choses. Il suffit d’aller dans un magasin japonais pour acheter un simple paquet de nouilles, et voir que ce dernier est quasiment une oeuvre d’art.

Alors quand il s agit de fabriquer les armures des seigneurs et gouverneurs féodaux – les daimyos – de la grande période d’Edo (1600-1868), cela devient de la haute couture ! C’est à l’exposition Daimyo, seigneurs de la guerre au Japon, du Musée National des Arts Aiatiques (MNAAG) que l’on peut découvrir ces étonnants vêtements.

Chaque tissu est choisi avec un grand soin et associé aux autres matériaux de manière très subtile. Chaque armure est conçu dans son ensemble telle une oeuvre d’art. Un symbole japonais est associé à chaque armure, symbole charmant quelque fois, telles la libellule ou l’abeille, mais surprenant, sur une armure guerrière.

Plumes de paon, os de baleine, pinces de crabe, sont également utilisés, de manière symbolique ou décorative, donnant à chaque armure une personnalité forte, impressionnante, évocatrice.

Pour les amoureux du Japon, de la mode, et des curieux en général !

Daimyo, MNAAG, jusqu’au 13 mai 2018

by Christophe

Ni juge ni soumise

Une juge d’instruction, son bureau, des prévenus et leurs avocats : tels sont les ingrédients du film Ni juge ni soumise.

Si la caméra sort régulièrement pour suivre la juge sur le terrain, le coeur de l’action se situe dans ce petit bureau, confiné, envahi de paperasse. La caméra, la juge, les prévenus et les avocats sont les uns sur les autres, face à face.

C’est en effet là que tout se joue, que le futur des prévenus se dessine. Car Ni juge ni soumise est un documentaire, qui présente des morceaux de vies, dramatiques ou tragiques.

Mais son sujet principal est l’incroyable juge d’instruction, Anne Gruwez, qui conserve dans toutes les situations, le sens de la justice, de la bienveillance et de l’humour.

Rire ou pleurer, on ne sait pas toujours, d’ailleurs…

by Christophe

Les Chiens de Navarre

Paradoxalement, plus notre société occidentale fait l’éloge de la liberté, plus celle-ci semble limitée par les étiquettes et la peur de blesser. La culture n’échappe pas au fameux « politiquement correct ».

Les « Chiens de Navarre » font exception ! Depuis plus de 10 ans, la troupe crée et interprète des spectacles décalés, dérangeants, gentiment anarchistes, méchamment drôles.

Citons pêle-mêle les titres aussi loufoques que leurs contenus « Une raclette », « l’autruche peut mourir d’une crise cardiaque », ou encore « les danseurs ont apprécié la qualité du parquet »…
La provocation n’y est pas gratuite et rime toujours avec poésie absurde, grossièreté sans vulgarité, situations désopilantes. Des spectacles trash qui grattent et qui claquent, en cherchant toujours à faire ressortir par le rire nos pulsions non avouables et nos hontes du quotidien.

Un passage au cinéma l’an dernier avec « Apnée », dont les situations et dialogues rappellent le grand Blier.

Courons donc voir le nouveau spectacle de la troupe « Jusque dans vos bras », qui questionne l’identité française et son histoire… Ça promet !!

By David

Benjamin Clementine

Il y a des moments, assez rares, où, à l’écoute d’un album, on est perdu. Perdu puis troublé. Perdu, troublé, puis émerveillé.

Perdu d’être déstabilisé par un univers musical nouveau, par l’association de sonorités inhabituelles – en l’occurrence le clavecin, une magnifique voix soul, des rythmiques pop, du piano classique.
Troublé de ne pas être en terrain connu, d’être en présence d’un phénomène que l’on ne comprend pas tout de suite, de sentir qu’il se passe quelque chose, avec une voix qui vous transperce.
Emerveillé par un talent fou, une urgence de chanter, une créativité sans barrière.

Le nouvel album de Benjamin Clementine, I Tell a Fly m’a fait cet effet. Et pour ceux qui ne le connaissent pas – dont je faisais partie – ces autres albums sont du même acabit : puissants, uniques, à fleur de peau.

Et il parait que sur scène, il est incroyable….

By Christophe

Dada Africa

Ouverts sur le monde, les dadaïstes l’étaient de manière particulièrement évidente. C’est ce qui est mis en avant à l’exposition Dada Africa au Musée de l’Orangerie où sont présentées les influences extra occidentales sur les artistes du mouvement dada.

Les arts africains, asiatiques et moyens-orientaux ont servis de sources d’inspiration à une époque où la guerre faisait rage et où bons nombres de valeurs occidentales volaient en éclat.

Les arts de ces continents ont permis l’enrichissement de l’art dadaïste et plus généralement celui de l’occident, enrichissement qui ne s’est pas démenti depuis, bien au contraire.

Dada Africa au Musée de l’Orangerie jusqu’au 19 février 2018.

by Christophe

La Dispute (vers 1940), photocollage de Hannah Höch

La Place

Il y a un an, quasiment jour pour jour, un nouveau lieu culturel nait à Paris : La Place.

Avec ses 1 400 m2 au coeur des Halles, entièrement dédiés au hip-hop (avec deux grands H), La Place accueille de nombreux évènements et artistes de toutes les disciplines de cette culture, qui n’a plus à prouver son dynamisme créatif.
Rappeurs, danseurs, DJ’s, beatboxeurs, graffeurs, mais aussi conférenciers et spécialistes nous présentent tous les soirs des événements et concerts.
La Place, ce sont aussi 8 espaces de créations(studios, salles de concerts, de projection de films…) pour que tous les canaux de diffusion, live comme numériques rendent gloire aux acteurs du Hip-Hop.

Courez découvrir ce lieu (public ne l’oublions pas !) et sa culture, bien plus ouverte et riche que les (encore trop nombreux) clichés nous le laissent entendre.
http://laplace.paris/

by MC David

Petit paysan

Ce mois-ci, courons au cinéma découvrir l’excellent premier long-métrage de Hubert Charuel « Petit paysan ».

Le film a pour cadre la vie paysanne et plus particulièrement l’élevage bovin, et le réalisateur (qui en est lui-même issu), nous propose un thriller campagnard original et efficace !

Le héros, jeune paysan solitaire et débordé fait tout pour cacher aux autorités la probable maladie de ses chères vaches… Intrigue simple (largement inspirée par l’affaire de la vache folle), mais résultat haletant, habile, sincère et remarquablement filmé. Les acteurs sont par ailleurs tous excellents, et beaucoup sont des amis et des proches du réalisateur « en herbe ».

Meuh !!!

By David